Carlo Zinelli

Carlo Zinelli, né le 2 juillet 1916 à San Giovanni Lupatoto dans la province de Vérone, est aujourd'hui considéré comme l'une des figures phares de l'art brut. En lien avec la famille, la Galerie Ritsch-Fisch représente Carlo Zinelli depuis 1999 et a collaboré avec la Fondazione Culturale Carlo Zinelli (Vérone – Italie) à la réalisation et la publication du catalogue général de l’ensemble de son œuvre (2000).

Sixième enfant d'une fratrie de sept, il perd sa mère à l'âge de deux ans. Après avoir travaillé dans les champs dès l'âge de neuf ans, il s'installe à Vérone en 1934 où il devient apprenti boucher aux abattoirs municipaux, tout en développant une passion pour la musique et le dessin.

 

Sa vie prend un tournant décisif lorsqu'il participe à la guerre d'Espagne en 1939 avec le contingent italien. Profondément marqué par cette expérience traumatisante, il est rapatrié pour des raisons médicales après seulement deux mois de service. S'ensuivent plusieurs années agitées alternant périodes de travail et hospitalisations, avant qu'il ne soit interné définitivement le 9 avril 1947 à l'hôpital San Giacomo de Vérone, où on lui diagnostique une "schizophrénie paranoïde".

Animé d'un besoin créateur irrépressible, Carlo commence par couvrir les murs de l'hôpital de graffiti. En 1957, il intègre un atelier d'art nouvellement ouvert au sein de l'établissement sous la direction du sculpteur écossais Michael Noble. Il y devient un participant assidu, passant près de huit heures quotidiennes à créer, produisant ainsi près de deux mille œuvres jusqu'à son décès, survenu le 27 janvier 1974 des suites d'une pneumonie à l'hôpital de Chievo.

Démarche plastique

L'œuvre de Carlo Zinelli révèle un langage graphique d'une singulière richesse, fruit d'une nécessité créatrice profonde plutôt que d'une formation artistique conventionnelle. Sa production se caractérise par une inventivité formelle saisissante qui transcende les limites de sa condition d'isolement.

 

Comme pris d'une urgence à poursuivre son élan créateur, Zinelli peint dans la foulée le recto puis le verso des feuilles de papier qu'il utilise, généralement au format 50 x 70 cm. Son univers pictural se distingue par une accumulation de motifs, des variations de points de vue et d'échelles, créant des compositions narratives complexes.

 

Son style figuratif immédiatement reconnaissable combine des silhouettes humaines et animales souvent représentées de profil, parfois percées de trous ou d'étoiles.

 

La perspective y est délibérément abolie au profit d'écritures interstitielles et d'onomatopées qui s'intègrent à l'œuvre dans une syntaxe personnelle. L'utilisation audacieuse de couleurs vives et contrastées confère à ses créations une puissance visuelle indéniable.

 

L'œuvre de Zinelli peut être lue comme une sorte de récit autobiographique codé, où les thèmes de la guerre, de la nature et de l'enfance reviennent de manière récurrente. Son art, jamais influencé par les tendances artistiques contemporaines, témoigne d'une quête de la pureté originelle et constitue un exemple remarquable de la puissance créatrice comme mode de survie et d'exploration intérieure.

Expositions notables

"Carlo Zinelli, cinquante ans d'héritage artistique"

Biennale de Venise, 2013

Présentation aux Giardini della Biennale

Musée International des Arts Modestes (MIAM), Sète · Janvier à mars 2004

Exposition monographique

Commissariat de Benoît Decron, Pierre-Jean Galdin et Joëlle Pijaudier-Cabot

 

Musée International des Arts Modestes (MIAM), Sète · Janvier à mars 2004

"Insania Pigens"

Kunsthalle de Berne, 1963

Oeuvres disponibles

Tavoli Verdi e figura piegata blu stellata · 468 A

Cavallo su cerchi con figura barbuta tra le zampe · 468 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Sur la première face de travail de Carlo Zinelli, la composition s’articule autour d’un grand billot de boucher, massif, centré sur la feuille. Ce bloc, structuré en vert olive et noir, est entouré d’outils rouges et de formes évoquant la découpe, tandis qu’une silhouette bleue flotte dans l’angle supérieur gauche. L’espace est saturé d’inscriptions manuscrites, rythmiques et répétitives. Sons, onomatopées et fragments de mots s’enroulent autour des formes, générant une rumeur visuelle qui envahit toute la scène.

 

Au verso, la narration se poursuit avec la figure d’un grand cheval ocre, stylisé, accompagné d’une silhouette humaine. Les inscriptions, toujours aussi denses, mêlent sons, lettres et motifs récurrents, comme une rumeur intérieure continue. La palette, dominée par le rouge, le vert olive, l’ocre et le bleu, structure l’espace et accentue la tension dramatique de l’ensemble.

Prix sur demande

1967

Grande cavallo e scala neri · 473 A

Uomo con pipa su cavallo stellato · 473 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Réalisé en pleine maturité artistique, ce diptyque concentre les obsessions graphiques et symboliques de Carlo Zinelli. Sur l’une des faces, une silhouette animale fragmentée — mi-cheval, mi-machine — semble extraite d’un rêve hallucinatoire, au sein d’un paysage éclaté où signes, onomatopées et figures s'entrelacent.

 

L'autre face fait apparaître un cavalier grotesque, aux traits déformés, chevauchant la même monture marquée d’une étoile, emblème récurrent de l’artiste. La composition s’organise selon les motifs propres à Zinelli : la répétition, la superposition de mots phonétiques (« RRRRR », « MAAAA ») et la déformation des corps participent d’un langage plastique singulier, qui confond narration, mémoire traumatique et espace mental.

Le trait, tantôt plein tantôt gratté, oscille entre figuration et abstraction. On y retrouve toute la tension entre lisibilité et cryptage qui caractérise l’œuvre de Zinelli.

 

Ces deux faces d’un même support, datées du 21 janvier 1967, témoignent d’un moment de haute intensité dans la pratique de Zinelli, à la frontière du dessin automatique et du théâtre intérieur.

Grande cappello da alpino stellato · 566 A

Grande cappello e croce rossi · 566 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Ce diptyque recto-verso de Carlo Zinelli, réalisé à la gouache et à la mine de plomb est composé comme un hommage à ses soignants de l’hôpital psychiatrique où il séjourna jusqu’à la fin de sa vie. Sur la première face, une grande silhouette rouge, massive et découpée, se tient face à une croix, entourée d’une nuée d’inscriptions répétitives.

 

Ce personnage, c’est le « Carlo fracturé » : figure de l’artiste lui-même, morcelé par l’expérience de l’hôpital, à la fois présent et absent, silhouette totémique qui incarne la vulnérabilité et la résistance. L’espace est saturé de mots écrits à la mine de plomb, parmi lesquels revient inlassablement le prénom « Mario » : il s’agit de Mario, l’infirmier dévoué qui accompagna Carlo au quotidien. Ce nom, répété comme une litanie, tisse un lien de reconnaissance et de gratitude, tout en soulignant l’importance de la relation humaine dans l’univers clos de l’asile.

 

Au verso, la composition s’organise autour d’un grand chapeau rouge orné d’une étoile blanche, posé au-dessus du mot « Rama » inscrit en larges lettres. « Rama » était une plaisanterie affectueuse de son médecin psychiatre, surnom qui signifie « petite branche » en italien, et qui témoigne de la complicité et de l’humour partagés entre le patient et l’équipe médicale. Autour du chapeau, des touches colorées et des inscriptions manuscrites mêlent fragments de mots, sons et onomatopées.

Grande uomo con fez e figure neri · 715 A & 715 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Cette composition recto-verso de Carlo Zinelli, réalisée à la gouache quasi exclusivement noire, donne à voir la puissance de l’univers graphique de l’artiste. La première face déploie un paysage où s’entrelacent silhouettes humaines stylisées, croix, maisons et motifs abstraits, baignés dans un flux dense d’inscriptions calligraphiques qui semblent danser sur le papier. Le personnage monumental semble dialoguer avec une multitude de signes et de formes qui s’organisent sans perspective, crée une atmosphère à la fois mystérieuse et rituelle.

 

Au verso, la composition poursuit cette narration labyrinthique. Là encore, le personnage de Carlo Zinelli domine la scène, accompagné de petits personnages en marche, de croix, d’animaux et de billots posés l’un sur l’autre. Le trait est sûr, affirmé, et les motifs calligraphiques, mêlés à des fragments de mots et de phrases, rythment la surface dans un mouvement ondulant et quasi musical.

 

Cette œuvre témoigne de la capacité de Zinelli à fusionner écriture et image, mémoire et invention, dans un espace où les échelles se jouent librement : les figures humaines totémiques côtoient de petites formes esquissées, tandis que les croix et les maisons évoquent une mythologie personnelle mêlant souvenirs d’enfance, références à la guerre et à la vie rurale. Le noir profond de la gouache, qui contraste avec le blanc du papier, accentue la force graphique et la densité narrative. La répétition des motifs et la profusion des signes créent une polyphonie visuelle.

 

Le dialogue des deux faces de cette œuvre abolit la frontière entre recto et verso, intérieur et extérieur, passé et présent, et offre un témoignage de la quête de Zinelli pour donner forme à son monde intérieur, à ses souvenirs et à ses émotions.

Pesce stellato blu, alpino con penna e case · 729 A

Eclipsed Horizons

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Ce travail recto-verso de Carlo Zinelli déploie un univers d’une grande intensité, fidèle à l’esprit de l’artiste. Sur chaque face, deux grandes silhouettes stylisées, l’une bleue, l’autre rouge, se font face ou se répondent, traversées de motifs circulaires et d’ouvertures, comme des archétypes humains ou des figures totémiques. Autour d’elles, une constellation d’objets, d’animaux, de maisons et de signes s’organise dans un espace sans perspective, dans lequel la narration se construit par la répétition et la variation d’échelle. La composition est rythmée par une écriture manuscrite qui s’impose sur la surface, mêlant mots, fragments de phrases et onomatopées.

 

Cette écriture, loin d’être purement informative, devient un élément plastique à part entière, renforçant la dimension sonore et intérieure de l’œuvre. La palette, dominée par le bleu profond, le rouge carmin et quelques touches de jaune, structure un ensemble dans lequel on retrouve l’écho de la mémoire rurale de Zinelli, ses souvenirs de la campagne, mais aussi les marques de son expérience de la guerre et de l’asile psychiatrique : animaux et formes énigmatiques, maisons, objets.

 

Un détail singulier attire l’attention : à l’intérieur d’un cercle, un trou de cigarette, réalisé par l’artiste lui-même, vient percer la surface. Ce geste, à la fois spontané et chargé de sens, introduit une dimension tactile et presque rituelle à l’œuvre, comme une signature ou une marque du temps qui traverse la narration.

Quattro uomini con uovo e uccello sulla testa · 115

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 35x50 cm

 

Cette œuvre de Carlo Zinelli, réalisée vers 1960, met en scène quatre grandes silhouettes noires assises de profil, chacune sur une chaise, formant une composition symétrique et frontale. Chacune de ces figures porte un médaillon ovale sur la tête, à l’intérieur duquel apparaît un oiseau noir, motif récurrent dans l’univers de Zinelli.

 

L’espace est saturé de motifs répétitifs en noir, évoquant des foules, des arbres ou des signes abstraits, tandis qu’une frise verticale de petites figures rouges anime la bordure droite.

 

L’absence de perspective, la prolifération des signes et la variation d’échelle créent une atmosphère rituelle et hypnotique, typique des débuts de l’artiste.

Galerie Ritsch-Fisch

6 rue des Charpentiers

67000 Strasbourg

Horaires d’ouverture

Lundi au mercredi : fermé

Jeudi au samedi :

14h - 19h

Dimanche : fermé

Contact

Richard Solti

+ 33 6 23 67 88 56

contact@ritschfisch.com

©All Rights Reserved

Carlo Zinelli

Carlo Zinelli, né le 2 juillet 1916 à San Giovanni Lupatoto dans la province de Vérone, est aujourd'hui considéré comme l'une des figures phares de l'art brut. En lien avec la famille, la Galerie Ritsch-Fisch représente Carlo Zinelli depuis 1999 et a collaboré avec la Fondazione Culturale Carlo Zinelli (Vérone – Italie) à la réalisation et la publication du catalogue général de l’ensemble de son œuvre (2000).

Sixième enfant d'une fratrie de sept, il perd sa mère à l'âge de deux ans. Après avoir travaillé dans les champs dès l'âge de neuf ans, il s'installe à Vérone en 1934 où il devient apprenti boucher aux abattoirs municipaux, tout en développant une passion pour la musique et le dessin.

 

Sa vie prend un tournant décisif lorsqu'il participe à la guerre d'Espagne en 1939 avec le contingent italien. Profondément marqué par cette expérience traumatisante, il est rapatrié pour des raisons médicales après seulement deux mois de service. S'ensuivent plusieurs années agitées alternant périodes de travail et hospitalisations, avant qu'il ne soit interné définitivement le 9 avril 1947 à l'hôpital San Giacomo de Vérone, où on lui diagnostique une "schizophrénie paranoïde".

Animé d'un besoin créateur irrépressible, Carlo commence par couvrir les murs de l'hôpital de graffiti. En 1957, il intègre un atelier d'art nouvellement ouvert au sein de l'établissement sous la direction du sculpteur écossais Michael Noble. Il y devient un participant assidu, passant près de huit heures quotidiennes à créer, produisant ainsi près de deux mille œuvres jusqu'à son décès, survenu le 27 janvier 1974 des suites d'une pneumonie à l'hôpital de Chievo.

Démarche plastique

L'œuvre de Carlo Zinelli révèle un langage graphique d'une singulière richesse, fruit d'une nécessité créatrice profonde plutôt que d'une formation artistique conventionnelle. Sa production se caractérise par une inventivité formelle saisissante qui transcende les limites de sa condition d'isolement.

 

Comme pris d'une urgence à poursuivre son élan créateur, Zinelli peint dans la foulée le recto puis le verso des feuilles de papier qu'il utilise, généralement au format 50 x 70 cm. Son univers pictural se distingue par une accumulation de motifs, des variations de points de vue et d'échelles, créant des compositions narratives complexes.

 

Son style figuratif immédiatement reconnaissable combine des silhouettes humaines et animales souvent représentées de profil, parfois percées de trous ou d'étoiles.

La perspective y est délibérément abolie au profit d'écritures interstitielles et d'onomatopées qui s'intègrent à l'œuvre dans une syntaxe personnelle. L'utilisation audacieuse de couleurs vives et contrastées confère à ses créations une puissance visuelle indéniable.

 

L'œuvre de Zinelli peut être lue comme une sorte de récit autobiographique codé, où les thèmes de la guerre, de la nature et de l'enfance reviennent de manière récurrente. Son art, jamais influencé par les tendances artistiques contemporaines, témoigne d'une quête de la pureté originelle et constitue un exemple remarquable de la puissance créatrice comme mode de survie et d'exploration intérieure.

Expositions notables

"Carlo Zinelli, cinquante ans d'héritage artistique"

Biennale de Venise, 2013

Présentation aux Giardini della Biennale

Musée International des Arts Modestes (MIAM), Sète · Janvier à mars 2004

Exposition monographique

Commissariat de Benoît Decron, Pierre-Jean Galdin et Joëlle Pijaudier-Cabot

 

Musée International des Arts Modestes (MIAM), Sète · Janvier à mars 2004

"Insania Pigens"

Kunsthalle de Berne, 1963

Oeuvres disponibles

Tavoli Verdi e figura piegata blu stellata · 468 A

Cavallo su cerchi con figura barbuta tra le zampe · 468 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Sur la première face de travail de Carlo Zinelli, la composition s’articule autour d’un grand billot de boucher, massif, centré sur la feuille. Ce bloc, structuré en vert olive et noir, est entouré d’outils rouges et de formes évoquant la découpe, tandis qu’une silhouette bleue flotte dans l’angle supérieur gauche. L’espace est saturé d’inscriptions manuscrites, rythmiques et répétitives. Sons, onomatopées et fragments de mots s’enroulent autour des formes, générant une rumeur visuelle qui envahit toute la scène.

 

Au verso, la narration se poursuit avec la figure d’un grand cheval ocre, stylisé, accompagné d’une silhouette humaine. Les inscriptions, toujours aussi denses, mêlent sons, lettres et motifs récurrents, comme une rumeur intérieure continue. La palette, dominée par le rouge, le vert olive, l’ocre et le bleu, structure l’espace et accentue la tension dramatique de l’ensemble.

Prix sur demande

1967

Grande cavallo e scala neri · 473 A

Uomo con pipa su cavallo stellato · 473 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Réalisé en pleine maturité artistique, ce diptyque concentre les obsessions graphiques et symboliques de Carlo Zinelli. Sur l’une des faces, une silhouette animale fragmentée — mi-cheval, mi-machine — semble extraite d’un rêve hallucinatoire, au sein d’un paysage éclaté où signes, onomatopées et figures s'entrelacent.

 

L'autre face fait apparaître un cavalier grotesque, aux traits déformés, chevauchant la même monture marquée d’une étoile, emblème récurrent de l’artiste. La composition s’organise selon les motifs propres à Zinelli : la répétition, la superposition de mots phonétiques (« RRRRR », « MAAAA ») et la déformation des corps participent d’un langage plastique singulier, qui confond narration, mémoire traumatique et espace mental.

Le trait, tantôt plein tantôt gratté, oscille entre figuration et abstraction. On y retrouve toute la tension entre lisibilité et cryptage qui caractérise l’œuvre de Zinelli.

 

Ces deux faces d’un même support, datées du 21 janvier 1967, témoignent d’un moment de haute intensité dans la pratique de Zinelli, à la frontière du dessin automatique et du théâtre intérieur.

Grande cappello da alpino stellato · 566 A

Grande cappello e croce rossi · 566 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Ce diptyque recto-verso de Carlo Zinelli, réalisé à la gouache et à la mine de plomb est composé comme un hommage à ses soignants de l’hôpital psychiatrique où il séjourna jusqu’à la fin de sa vie. Sur la première face, une grande silhouette rouge, massive et découpée, se tient face à une croix, entourée d’une nuée d’inscriptions répétitives.

 

Ce personnage, c’est le « Carlo fracturé » : figure de l’artiste lui-même, morcelé par l’expérience de l’hôpital, à la fois présent et absent, silhouette totémique qui incarne la vulnérabilité et la résistance. L’espace est saturé de mots écrits à la mine de plomb, parmi lesquels revient inlassablement le prénom « Mario » : il s’agit de Mario, l’infirmier dévoué qui accompagna Carlo au quotidien. Ce nom, répété comme une litanie, tisse un lien de reconnaissance et de gratitude, tout en soulignant l’importance de la relation humaine dans l’univers clos de l’asile.

 

Au verso, la composition s’organise autour d’un grand chapeau rouge orné d’une étoile blanche, posé au-dessus du mot « Rama » inscrit en larges lettres. « Rama » était une plaisanterie affectueuse de son médecin psychiatre, surnom qui signifie « petite branche » en italien, et qui témoigne de la complicité et de l’humour partagés entre le patient et l’équipe médicale. Autour du chapeau, des touches colorées et des inscriptions manuscrites mêlent fragments de mots, sons et onomatopées.

Grande uomo con fez e figure neri · 715 A & 715 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Cette composition recto-verso de Carlo Zinelli, réalisée à la gouache quasi exclusivement noire, donne à voir la puissance de l’univers graphique de l’artiste. La première face déploie un paysage où s’entrelacent silhouettes humaines stylisées, croix, maisons et motifs abstraits, baignés dans un flux dense d’inscriptions calligraphiques qui semblent danser sur le papier. Le personnage monumental semble dialoguer avec une multitude de signes et de formes qui s’organisent sans perspective, crée une atmosphère à la fois mystérieuse et rituelle.

 

Au verso, la composition poursuit cette narration labyrinthique. Là encore, le personnage de Carlo Zinelli domine la scène, accompagné de petits personnages en marche, de croix, d’animaux et de billots posés l’un sur l’autre. Le trait est sûr, affirmé, et les motifs calligraphiques, mêlés à des fragments de mots et de phrases, rythment la surface dans un mouvement ondulant et quasi musical.

 

Cette œuvre témoigne de la capacité de Zinelli à fusionner écriture et image, mémoire et invention, dans un espace où les échelles se jouent librement : les figures humaines totémiques côtoient de petites formes esquissées, tandis que les croix et les maisons évoquent une mythologie personnelle mêlant souvenirs d’enfance, références à la guerre et à la vie rurale. Le noir profond de la gouache, qui contraste avec le blanc du papier, accentue la force graphique et la densité narrative. La répétition des motifs et la profusion des signes créent une polyphonie visuelle.

 

Le dialogue des deux faces de cette œuvre abolit la frontière entre recto et verso, intérieur et extérieur, passé et présent, et offre un témoignage de la quête de Zinelli pour donner forme à son monde intérieur, à ses souvenirs et à ses émotions.

Pesce stellato blu, alpino con penna e case · 729 A

Eclipsed Horizons

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Ce travail recto-verso de Carlo Zinelli déploie un univers d’une grande intensité, fidèle à l’esprit de l’artiste. Sur chaque face, deux grandes silhouettes stylisées, l’une bleue, l’autre rouge, se font face ou se répondent, traversées de motifs circulaires et d’ouvertures, comme des archétypes humains ou des figures totémiques. Autour d’elles, une constellation d’objets, d’animaux, de maisons et de signes s’organise dans un espace sans perspective, dans lequel la narration se construit par la répétition et la variation d’échelle. La composition est rythmée par une écriture manuscrite qui s’impose sur la surface, mêlant mots, fragments de phrases et onomatopées.

 

Cette écriture, loin d’être purement informative, devient un élément plastique à part entière, renforçant la dimension sonore et intérieure de l’œuvre. La palette, dominée par le bleu profond, le rouge carmin et quelques touches de jaune, structure un ensemble dans lequel on retrouve l’écho de la mémoire rurale de Zinelli, ses souvenirs de la campagne, mais aussi les marques de son expérience de la guerre et de l’asile psychiatrique : animaux et formes énigmatiques, maisons, objets.

 

Un détail singulier attire l’attention : à l’intérieur d’un cercle, un trou de cigarette, réalisé par l’artiste lui-même, vient percer la surface. Ce geste, à la fois spontané et chargé de sens, introduit une dimension tactile et presque rituelle à l’œuvre, comme une signature ou une marque du temps qui traverse la narration.

Quattro uomini con uovo e uccello sulla testa · 115

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 35x50 cm

 

Cette œuvre de Carlo Zinelli, réalisée vers 1960, met en scène quatre grandes silhouettes noires assises de profil, chacune sur une chaise, formant une composition symétrique et frontale. Chacune de ces figures porte un médaillon ovale sur la tête, à l’intérieur duquel apparaît un oiseau noir, motif récurrent dans l’univers de Zinelli.

 

L’espace est saturé de motifs répétitifs en noir, évoquant des foules, des arbres ou des signes abstraits, tandis qu’une frise verticale de petites figures rouges anime la bordure droite.

 

L’absence de perspective, la prolifération des signes et la variation d’échelle créent une atmosphère rituelle et hypnotique, typique des débuts de l’artiste.

Galerie Ritsch-Fisch

6 rue des Charpentiers

67000 Strasbourg

Horaires d’ouverture

Lundi au mercredi : fermé

Jeudi au samedi : 14h - 19h

Dimanche : fermé

Contact

Richard Solti

+ 33 6 23 67 88 56

contact@ritschfisch.com

©All Rights Reserved

Carlo Zinelli

Carlo Zinelli, né le 2 juillet 1916 à San Giovanni Lupatoto dans la province de Vérone, est aujourd'hui considéré comme l'une des figures phares de l'art brut. En lien avec la famille, la Galerie Ritsch-Fisch représente Carlo Zinelli depuis 1999 et a collaboré avec la Fondazione Culturale Carlo Zinelli (Vérone – Italie) à la réalisation et la publication du catalogue général de l’ensemble de son œuvre (2000).

Sixième enfant d'une fratrie de sept, il perd sa mère à l'âge de deux ans. Après avoir travaillé dans les champs dès l'âge de neuf ans, il s'installe à Vérone en 1934 où il devient apprenti boucher aux abattoirs municipaux, tout en développant une passion pour la musique et le dessin.

 

Sa vie prend un tournant décisif lorsqu'il participe à la guerre d'Espagne en 1939 avec le contingent italien. Profondément marqué par cette expérience traumatisante, il est rapatrié pour des raisons médicales après seulement deux mois de service. S'ensuivent plusieurs années agitées alternant périodes de travail et hospitalisations, avant qu'il ne soit interné définitivement le 9 avril 1947 à l'hôpital San Giacomo de Vérone, où on lui diagnostique une "schizophrénie paranoïde".

Animé d'un besoin créateur irrépressible, Carlo commence par couvrir les murs de l'hôpital de graffiti. En 1957, il intègre un atelier d'art nouvellement ouvert au sein de l'établissement sous la direction du sculpteur écossais Michael Noble. Il y devient un participant assidu, passant près de huit heures quotidiennes à créer, produisant ainsi près de deux mille œuvres jusqu'à son décès, survenu le 27 janvier 1974 des suites d'une pneumonie à l'hôpital de Chievo.

Démarche plastique

L'œuvre de Carlo Zinelli révèle un langage graphique d'une singulière richesse, fruit d'une nécessité créatrice profonde plutôt que d'une formation artistique conventionnelle. Sa production se caractérise par une inventivité formelle saisissante qui transcende les limites de sa condition d'isolement.

 

Comme pris d'une urgence à poursuivre son élan créateur, Zinelli peint dans la foulée le recto puis le verso des feuilles de papier qu'il utilise, généralement au format 50 x 70 cm. Son univers pictural se distingue par une accumulation de motifs, des variations de points de vue et d'échelles, créant des compositions narratives complexes.

 

Son style figuratif immédiatement reconnaissable combine des silhouettes humaines et animales souvent représentées de profil, parfois percées de trous ou d'étoiles.

La perspective y est délibérément abolie au profit d'écritures interstitielles et d'onomatopées qui s'intègrent à l'œuvre dans une syntaxe personnelle. L'utilisation audacieuse de couleurs vives et contrastées confère à ses créations une puissance visuelle indéniable.

 

L'œuvre de Zinelli peut être lue comme une sorte de récit autobiographique codé, où les thèmes de la guerre, de la nature et de l'enfance reviennent de manière récurrente. Son art, jamais influencé par les tendances artistiques contemporaines, témoigne d'une quête de la pureté originelle et constitue un exemple remarquable de la puissance créatrice comme mode de survie et d'exploration intérieure.

Expositions notables

"Carlo Zinelli, cinquante ans d'héritage artistique"

Exposition itinérante organisée par la Galerie Ritsch-Fisch

 

Présentée successivement à Strasbourg, à l'Outsider Art Fair de New York, à Art Paris 2024 puis à l'Appart Renoma à Paris en 2024

Présentation aux Giardini della Biennale

Biennale de Venise, 2013

Exposition monographique

Commissariat de Benoît Decron, Pierre-Jean Galdin et Joëlle Pijaudier-Cabot

 

Musée International des Arts Modestes (MIAM), Sète · Janvier à mars 2004

"Insania Pigens"

Kunsthalle de Berne, 1963

Oeuvres disponibles

Tavoli Verdi e figura piegata blu stellata · 468 A

Cavallo su cerchi con figura barbuta tra le zampe · 468 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Sur la première face de travail de Carlo Zinelli, la composition s’articule autour d’un grand billot de boucher, massif, centré sur la feuille. Ce bloc, structuré en vert olive et noir, est entouré d’outils rouges et de formes évoquant la découpe, tandis qu’une silhouette bleue flotte dans l’angle supérieur gauche. L’espace est saturé d’inscriptions manuscrites, rythmiques et répétitives. Sons, onomatopées et fragments de mots s’enroulent autour des formes, générant une rumeur visuelle qui envahit toute la scène.

 

Au verso, la narration se poursuit avec la figure d’un grand cheval ocre, stylisé, accompagné d’une silhouette humaine. Les inscriptions, toujours aussi denses, mêlent sons, lettres et motifs récurrents, comme une rumeur intérieure continue. La palette, dominée par le rouge, le vert olive, l’ocre et le bleu, structure l’espace et accentue la tension dramatique de l’ensemble.

Grande cavallo e scala neri · 473 A

Uomo con pipa su cavallo stellato · 473 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Réalisé en pleine maturité artistique, ce diptyque concentre les obsessions graphiques et symboliques de Carlo Zinelli. Sur l’une des faces, une silhouette animale fragmentée — mi-cheval, mi-machine — semble extraite d’un rêve hallucinatoire, au sein d’un paysage éclaté où signes, onomatopées et figures s'entrelacent.

 

L'autre face fait apparaître un cavalier grotesque, aux traits déformés, chevauchant la même monture marquée d’une étoile, emblème récurrent de l’artiste. La composition s’organise selon les motifs propres à Zinelli : la répétition, la superposition de mots phonétiques (« RRRRR », « MAAAA ») et la déformation des corps participent d’un langage plastique singulier, qui confond narration, mémoire traumatique et espace mental.

Le trait, tantôt plein tantôt gratté, oscille entre figuration et abstraction. On y retrouve toute la tension entre lisibilité et cryptage qui caractérise l’œuvre de Zinelli.

 

Ces deux faces d’un même support, datées du 21 janvier 1967, témoignent d’un moment de haute intensité dans la pratique de Zinelli, à la frontière du dessin automatique et du théâtre intérieur.

Grande cappello da alpino stellato · 566 A

Grande cappello e croce rossi · 566 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Ce diptyque recto-verso de Carlo Zinelli, réalisé à la gouache et à la mine de plomb est composé comme un hommage à ses soignants de l’hôpital psychiatrique où il séjourna jusqu’à la fin de sa vie. Sur la première face, une grande silhouette rouge, massive et découpée, se tient face à une croix, entourée d’une nuée d’inscriptions répétitives.

 

Ce personnage, c’est le « Carlo fracturé » : figure de l’artiste lui-même, morcelé par l’expérience de l’hôpital, à la fois présent et absent, silhouette totémique qui incarne la vulnérabilité et la résistance. L’espace est saturé de mots écrits à la mine de plomb, parmi lesquels revient inlassablement le prénom « Mario » : il s’agit de Mario, l’infirmier dévoué qui accompagna Carlo au quotidien. Ce nom, répété comme une litanie, tisse un lien de reconnaissance et de gratitude, tout en soulignant l’importance de la relation humaine dans l’univers clos de l’asile.

 

Au verso, la composition s’organise autour d’un grand chapeau rouge orné d’une étoile blanche, posé au-dessus du mot « Rama » inscrit en larges lettres. « Rama » était une plaisanterie affectueuse de son médecin psychiatre, surnom qui signifie « petite branche » en italien, et qui témoigne de la complicité et de l’humour partagés entre le patient et l’équipe médicale. Autour du chapeau, des touches colorées et des inscriptions manuscrites mêlent fragments de mots, sons et onomatopées.

Grande uomo con fez e figure neri · 715 A & 715 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Cette composition recto-verso de Carlo Zinelli, réalisée à la gouache quasi exclusivement noire, donne à voir la puissance de l’univers graphique de l’artiste. La première face déploie un paysage où s’entrelacent silhouettes humaines stylisées, croix, maisons et motifs abstraits, baignés dans un flux dense d’inscriptions calligraphiques qui semblent danser sur le papier. Le personnage monumental semble dialoguer avec une multitude de signes et de formes qui s’organisent sans perspective, crée une atmosphère à la fois mystérieuse et rituelle.

 

Au verso, la composition poursuit cette narration labyrinthique. Là encore, le personnage de Carlo Zinelli domine la scène, accompagné de petits personnages en marche, de croix, d’animaux et de billots posés l’un sur l’autre. Le trait est sûr, affirmé, et les motifs calligraphiques, mêlés à des fragments de mots et de phrases, rythment la surface dans un mouvement ondulant et quasi musical.

 

Cette œuvre témoigne de la capacité de Zinelli à fusionner écriture et image, mémoire et invention, dans un espace où les échelles se jouent librement : les figures humaines totémiques côtoient de petites formes esquissées, tandis que les croix et les maisons évoquent une mythologie personnelle mêlant souvenirs d’enfance, références à la guerre et à la vie rurale. Le noir profond de la gouache, qui contraste avec le blanc du papier, accentue la force graphique et la densité narrative. La répétition des motifs et la profusion des signes créent une polyphonie visuelle.

 

Le dialogue des deux faces de cette œuvre abolit la frontière entre recto et verso, intérieur et extérieur, passé et présent, et offre un témoignage de la quête de Zinelli pour donner forme à son monde intérieur, à ses souvenirs et à ses émotions.

Pesce stellato blu, alpino con penna e case · 729 A

Due grandi alpine dai nasi a spirale e penna blu · 729 B

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 70x50 cm

 

Ce travail recto-verso de Carlo Zinelli déploie un univers d’une grande intensité, fidèle à l’esprit de l’artiste. Sur chaque face, deux grandes silhouettes stylisées, l’une bleue, l’autre rouge, se font face ou se répondent, traversées de motifs circulaires et d’ouvertures, comme des archétypes humains ou des figures totémiques. Autour d’elles, une constellation d’objets, d’animaux, de maisons et de signes s’organise dans un espace sans perspective, dans lequel la narration se construit par la répétition et la variation d’échelle. La composition est rythmée par une écriture manuscrite qui s’impose sur la surface, mêlant mots, fragments de phrases et onomatopées.

 

Cette écriture, loin d’être purement informative, devient un élément plastique à part entière, renforçant la dimension sonore et intérieure de l’œuvre. La palette, dominée par le bleu profond, le rouge carmin et quelques touches de jaune, structure un ensemble dans lequel on retrouve l’écho de la mémoire rurale de Zinelli, ses souvenirs de la campagne, mais aussi les marques de son expérience de la guerre et de l’asile psychiatrique : animaux et formes énigmatiques, maisons, objets.

 

Un détail singulier attire l’attention : à l’intérieur d’un cercle, un trou de cigarette, réalisé par l’artiste lui-même, vient percer la surface. Ce geste, à la fois spontané et chargé de sens, introduit une dimension tactile et presque rituelle à l’œuvre, comme une signature ou une marque du temps qui traverse la narration.

Quattro uomini con uovo e uccello sulla testa · 115

Carlo Zinelli

Gouache sur papier · 35x50 cm

 

Cette œuvre de Carlo Zinelli, réalisée vers 1960, met en scène quatre grandes silhouettes noires assises de profil, chacune sur une chaise, formant une composition symétrique et frontale. Chacune de ces figures porte un médaillon ovale sur la tête, à l’intérieur duquel apparaît un oiseau noir, motif récurrent dans l’univers de Zinelli.

 

L’espace est saturé de motifs répétitifs en noir, évoquant des foules, des arbres ou des signes abstraits, tandis qu’une frise verticale de petites figures rouges anime la bordure droite.

 

L’absence de perspective, la prolifération des signes et la variation d’échelle créent une atmosphère rituelle et hypnotique, typique des débuts de l’artiste.

Galerie Ritsch-Fisch

6 rue des Charpentiers

67000 Strasbourg

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