Cette œuvre, typique du travail de ce céramiste de l’art brut, est modelée à la main en terre cuite non émaillée. La main façonne, empile, creuse, bâtit les fragments, les volumes et les ouvertures de sa cité rêvée. La sculpture est dense et organique ; elle s’élève en strates, en promontoires, en labyrinthes, invitant le regard à s’égarer dans ses méandres.

Les personnages et les animaux s’accrochent aux parois, gravissent les escaliers, se nichent dans les anfractuosités. Ils habitent la matière. On imagine, derrière les fenêtres, les secrets et l’histoire du monde merveilleux de l’artiste. Les tours, les maisons, les passages — tout ici semble surgir d’un souvenir ancien, des histoires qui lui ont été contées par sa mère et dont il nous restitue ici quelques fragments.

La terre, laissée dans sa couleur originelle, se joue de la lumière, révèle les traces du geste et la spontanéité du modelage. Holzmüller ne cherche pas à séduire ; son travail s’impose par sa force première, sa sincérité, sa capacité à bouleverser nos repères et à éveiller en nous la nostalgie d’un monde à inventer. Il nous invite à la contemplation, à la rêverie, à l’expérience de l’intime et à celle du fragile et du monumental.